Les pommes de terre sont sujettes à plusieurs maladies dont la plus redoutable est le mildiou. Mais alternariose, rhizoctone et gale argentée sont aussi des infections néfastes pour les parcelles, réduisant dramatiquement les récoltes et la qualité des tubercules.
1- Le mildiou de la pomme de terre
Sacré mildiou… Le champignon phytophtora infestans est un véritable tueur de patates. Non seulement il est capable d’anéantir jusqu’à 50 % d’une récolte mais il peut également altérer sérieusement la qualité des tubercules, et réduire considérablement leur taille.
Le mildiou, maladie ancestrale, attaque tout : les tubercules donc, mais aussi les feuilles et les tiges. Les champignons se développent hardiment par des températures favorables (entre 17 à 20°) couplées à une forte humidité et la présence d’un environnement végétal assez dense.
Le mildiou se manifeste par l’apparition sur le feuillage de petites taches brunes. Il finit par dessécher. Les tubercules sont généralement atteints de taches noirâtres. Pire encore : le phytophtora infestans permet à d’autres agents pathogènes de s’installer.
La lutte doit être organisée de manière préventive et agronomique, mais la curation peut passer par des produits fongicides dont l’efficacité est prouvée, à condition de les utiliser de manière raisonnable.
Comment le repérer et le combattre ?
Le mildiou de la pomme de terre est une maladie cryptogamique provoquée par un champignon, le phytophtora infestans.
C’est une maladie redoutable pour les cultures. Elle a marqué l’histoire, elle est ainsi à l’origine d’une grave famine en Irlande au milieu du XIXe siècle. À partir de foyers d’infection, le mildiou peut se propager en quelques jours. Il entraîne des pertes de rendement considérables, jusqu’à 80 %. Quelquefois, l’intégralité de la parcelle est perdue.
Quels sont les symptômes du mildiou de la pomme de terre ?
Les symptômes du mildiou sont assez faciles à reconnaître. Des taches brunes apparaissent sur les parties aériennes de la plante (il ne faut pas les confondre avec la moisissure grise, qui s’attaque aux parties fragilisées). L’observation pourra commencer dès le mois de mai, après des périodes de pluie et si la température est douce.
Les feuilles sont atteintes sur les faces supérieures et inférieures. Elles présentent de taches brunes d’aspect huileux, auréolées par une marge pâle. Sur le dessous des feuilles, un feutrage blanc est souvent visible, correspondant aux fructifications du champignon. Lorsque les atteintes se multiplient, elles peuvent occasionner destruction du feuillage. On peut souvent observer des taches brunes sur les tiges et les bouquets. Les tubercules présentent des taches brunes de pourriture sèche sur le pourtour. À la coupe, des zones brunes marbrées se dessinent sur la surface.
Quels sont les facteurs favorables au développement du mildiou de la pomme de terre ?
Pour se développer, le mildiou a besoin d’un milieu humide. En effet, la présence d’eau sur les feuillages est nécessaire au phytophtora infestans pour attaquer la plante, réunissant un taux élevé d’hygrométrie (supérieur à 90 %) et des températures clémentes (10 à 25° C). Les épisodes de brouillards et les pluies orageuses, présentant un risque élevé, sont à surveiller. De même, il faudra raisonner l’arrosage, autre facteur favorable au développement du mildiou sur la parcelle.
Le mildiou est une maladie « à foyer ». Une fois les premières plantes sont atteintes, si les conditions climatiques sont favorables et que la maladie n’est pas traitée à temps, le mildiou se propagera, comme une traînée de poudre.
Quelles solutions pour soigner le mildiou de la pomme de terre ?
Plusieurs solutions s’offrent à l’agriculteur, pour protéger ses cultures du mildiou. Dans tous les cas, il devra faire preuve de réactivité pour procéder au traitement.
En prévention, l’agriculteur pourra choisir des variétés peu sensibles au mildiou. Il veillera à maintenir un niveau d’hygrométrie moyen sur la parcelle de pommes de terre. Les plants seront semés de façon espacée, en sarclant régulièrement pour contrer la prolifération des adventices. L’arrosage sera effectué de préférence le matin. De façon générale, la rotation de culture sera à privilégier ainsi que la destruction des déchets.
Si un foyer de mildiou a été signalé dans un rayon de 50 kilomètres, le traitement de la parcelle est nécessaire. Aussi, les champs doivent être contrôlés, et les agriculteurs communiquer avec régularité. Des logiciels informatiques peuvent être utilisés pour surveiller le cycle du mildiou en fonction des conditions météorologiques.
Pour la lutte phytosanitaire, plusieurs fongicides peuvent être appliqués aux cultures, à titre préventif et curatif. On distingue les fongicides de contact, comme les dithiocarbamathes, les fongicides diffusants, pénétrants et systémiques. Dans la lutte contre le Phytophtora infestans, comme dans la lutte contre autres champignons, il est recommandé alterner les familles de produits chimiques, afin de ne pas encourager le développement de souches résistantes de mildiou.
En agriculture biologique, si un foyer a été signalé alentours, un traitement au cuivre peut être appliqué de façon préventive. Si le foyer se rapproche, il faut augmenter le dosage de cuivre (la quantité maximale autorisée par année et par hectare est de 4 kilogrammes).
2- L’alternariose de la pomme de terre
Cette maladie fongique, communément appelée « brûlure alternarienne », est le résultat du développement des champignons Alternaria Solani et Alternaria alternata.
Ces parasites peuvent engendrer des pertes de rendement de l’ordre de 5 à 20 % en cas d’attaques précoces. Parfois, les épidémies peuvent être ravageuses, avec un déficit de production pouvant aller jusqu’à 50 %, notamment dans le nord de la France où la maladie est bien installée.
Elle se développe dans les zones à climat continental, par température oscillant entre 20° et 25° et prolifère lors de l’alternance de périodes pluvieuses et ensoleillées. Le vent agit considérablement sur la dispersion des spores.
L’alternariose se manifeste par l’apparition de taches sombres sur les feuilles et par le pourrissement et l’assèchement des tubercules.
Pour combattre l’alternariose, il convient d’éviter les stress de la plantation, de bien nettoyer les résidus de culture. L’utilisation de fongicides est possible pour des besoins curatifs.
Comment la repérer et la combattre ?
Aujourd’hui, le mildiou n’est plus le seul ennemi de la pomme de terre. L’alternariose fait également des ravages dans les rangs de nos chères patates, notamment dans la partie Nord de la France. L’accélération du développement de la maladie ces dernières années, avec des parcelles dont la récolte est parfois annihilée à 50 %, poussent les producteurs à une vigilance accrue
Qu’est-ce que l’alternariose de la pomme de terre ?
De manière globale, l’alternariose représente un ensemble de maladie fongiques, qui peuvent toucher indifférent tomates, tournesols, carottes, choux, poireaux, navets, etc.
Chez la pomme de terre, la maladie s’annonce redoutable, par le biais de deux spores distinctes : l’Alternaria Solani, qui est le plus souvent à l’origine de la naissance de l’épidémie et l’Alternaria Alternata, considéré par les spécialistes comme une bactérie secondaire, se développant sur les surfaces déjà malades.
Ces champignons machiavéliques peuvent survivre jusqu’à dix ans cachés dans les sols, et c’est la raison de leur prolifération et de leur propagation actuelle.
Quels sont les symptômes de l’alternariose de la pomme de terre ?
Généralement, l’attaque commence par les feuilles les plus âgées, c’est-à-dire celles les plus près du sol, au cours de la floraison. Ce sont des tâches brunâtres qui incarnent la plupart du temps l’alternariose. Ces nécroses repérables par la multiplication de cercles concentriques peuvent se répandre relativement rapidement.
Même si c’est plus rare, les tubercules peuvent également être touchés en cours de stockage, ce qui entraîne le plus souvent une pourriture de couleur noire et paradoxalement sèche.
La différence entre Alternaria Solani et Alternaria Alternata est difficilement décelable à l’œil nu.
Quels sont les facteurs favorables au développement de l’alternariose de la pomme de terre ?
Deux critères majeurs sont à la genèse de l’apparition des champignons qui forment les rangs de l’alternariose :
- L’état de fragilité : une plante privée de lumière, gorgée d’eau, ou victime d’un quelconque stress sera plus vulnérable,
- L’alternance des périodes sèches et des périodes humides va dynamiser la croissance des spores, avec un pic favorable lorsque les températures sont comprises entre 18° et 25°.
Période de présence de l’alternariose de la pomme de terre
Non, l’alternariose de la pomme de terre n’apparaît pas en fin de cycle comme il est coutume de l’entendre : c’est surtout durant l’été qu’elle se développe fortement.
Dans les régions du centre de la France, la contamination se fera dès la mi-juin, un peu plus tard dans le nord.
Les solutions pour soigner l’alternariose de la pomme de terre ?
Cette maladie fongique peut être combattue de manière agronomique ou par traitement phytosanitaire.
La première méthode, essentiellement préventive, fait appel aux bonnes méthodes de travail de la terre. Comme pour toutes cultures, l’élimination des résidus précédents est essentielle, puisque leur stagnation in situ est un véritable terreau pour le développement des champignons nuisibles. Irrigation, fertilisation, entretien de la terre sont autant de moyens pour éloigner la maladie.
Les produits phytosanitaires sont utilisables de manière préventive ; la prophylaxie raisonnée est le meilleur moyen d’éviter toute contamination.
D’un point de vue curatif, si la maladie a déjà fait son œuvre, les traitements dispensés contre le mildiou sont dans plusieurs cas également efficaces contre l’alternariose.
Méthode d’observation de l’alternariose de la pomme de terre ?
Rien n’est plus essentiel qu’une vigilance accrue quand fini le printemps. Ainsi, une surveillance des plants dans le champ notamment dans les niveaux inférieurs, une anticipation météorologique pour une application adaptée des traitements, et enfin, en cas de premiers symptômes, une analyse bactériologique poussée sont des moyens d’observations efficaces.
3- Le rhizoctone de la pomme de terre
Cette maladie cryptogamique, c’est-à-dire causée par des champignons, peut se manifester en différents types et sur différentes cultures (céréales à paille, betteraves, carottes, asperges…)
Ce sont les rhizoctones brun ou violet qui attaquent plus particulièrement les rangs de pommes de terre et les dévastent, entrainant des pertes de rendement jusqu’à 25 %.
Le rhizoctone brun est un issu d’un champignon coriace, le rhizoctonia solani, qui se développe plus sûrement dans un climat frais et humide juste après la plantation. Ce sont des sclérotes (amalgame de champignons présentes dans le sol ou sur les plants) qui germent dans ces conditions favorables.
Le rhizoctone brun attaque les germes qui brunissent et parfois meurent. Ce qui a pour conséquence de retarder la levée des plants, le jaunissement des feuilles et leur rabougrissement. Les tubercules nécrosent, pourrissent et dessèchent.
Pour anticiper la maladie, il est primordial de mettre en terre des plants sains (qui peuvent être traités par fongicides), et d’effectuer des rotations longues et diversifiée.
Comment la repérer et la combattre ?
Dans la série des maladies de la pomme de terre, les rhizoctones brun et violet sont des acteurs assez redoutables. Le rhizoctone brun, maladie cryptogamique, peut entrainer des pertes de rendement de l’ordre de 25 % d’une récolte.
Qu’est ce que le rhizoctone de la pomme de terre ?
Il s’agit d’un ensemble de champignons, le Rhizoctone Solani, qui sévit dans différentes cultures comme le maïs ou la betterave, mais qui a un effet particulièrement néfaste sur la pomme de terre, notamment au moment de la levée des plants.
Ces champignons sont présents dans les sols ou sur les tubercules de plantation et se développent par le biais des sclérotes noirs accrochées à ces dernières.
Il existe différentes déclinaisons du Rhizoctone Solani qui peuvent entraîner des dommages variés, amis avec un même résultat : le flétrissement du tubercule.
Quels sont les symptômes du rhizoctone de la pomme de terre ?
Le Rhizoctonia Solani va s’attaquer à la fois à végétation de la pomme de terre et sur ses tubercules de plantation ou de récolte.
- Sur les tubercules : ceux qui sont contaminés portent sur eux des sclérotes, petit amoncellement noirâtre. Les éléments porteurs de champignons. Ils sont identifiables clairement sur des tubercules propres et débarrassés de la terre. Si ce sont des tubercules issus d’une récolte contaminée qui sont destinées à être plantés, ces derniers seront petits et difformes.
Les tubercules de la récolte en cours vont connaître retard de croissance et pour certains un pourrissement. Les pommes de terre n’auront pas le calibrage souhaité.
- Sur la végétation : En début de culture, lorsque le temps reste frais, le rhizoctone brun va surtout entraîner des retards de pousses et des levées irrégulières dans les rangs. Certains germes enterrés peuvent noircir et périr précocement. Lorsque la cuture devient végétation plus dense, la maladie provoque un jaunissement et un rabougrissement du feuillage.
Quels sont les facteurs favorables au développement du rhizoctone de la pomme de terre ?
Le rhizoctone brun aime les climats frais et humides. Si la température idéale pour sa propagation se situe entre 18 et 25°, il s’actionne dès les 5°.
Les sclérotes chargées de champignons se développent plus aisément dans les conditions de levée longue, c’est-à-dire si les plants ont été semés trop profonds, de manière trop précoce, dans un sol froid ou si le plant n’était pas germé.
Si les rotations de cultures sont trop courtes ou s’il y a un laps de temps bien trop long entre le défanage et la récolte, le développement sera là encore favorisé.
Période de présence du rhizoctone de la pomme de terre
Le rhizoctone peut être un agent pathogène « dormant » puisque les champignons survivent l’hiver jusqu’à 40 centimètres de profondeur, sur n’importe quels résidus de culture. Il peut donc être présent de la plantation à la récolte.
Les solutions pour soigner le rhizoctone de la pomme de terre ?
D’un point de vue agronomique, la meilleure solution est de combattre le mal à la base, en détectant clairement les tubercules sains des tubercules contaminés.
Autres moyens efficaces : bien préparer le sol et le chauffer. Il est aussi conseillé d’effectuer des rotations longues et de veiller au potentiel infectieux des autres cultures dans la rotation.
Comme souvent, l’élimination des résidus des précédentes cultures est idéale.
D’un point de vue phytosanitaire, il est possible d’utiliser un fongicide directement sur les plants contaminés destinés à la plantation. Débarrassé ainsi des sclérotes, ils redeviennent sains.
Méthode d’observation du rhizoctone de la pomme de terre
L’observation des plants est un moyen pour anticiper la contamination.
La parcelle doit être ensuite scrutée et traitée à la moindre trace de levées inégales ou de jaunissement des feuilles.
Le rhizoctone peut aussi créer des larges zones contaminées arrondies dans vos champs.
La gale argentée de la pomme de terre
La gale argentée ou helminthosporium solani se développe à cause de plants déjà contaminés ou des résidus de culture restants. Elle peut vivre dans le sol plusieurs mois.
Même si cette maladie a pu d’incidences sur le rendement, c’est l’une des plus inquiétantes infections de la pomme de terre, avec le mildiou et le rhizoctone brun. Parce qu’elle condamne surtout l’aspect esthétique de la pomme de terre et rend sa vente compliquée dans les filières de consommation ou l’apparence est de plus en plus importante.
La gale argentée n’est pas observable à l’extérieur et reste peu visible à la récolte. Elle s’établit sur les tubercules où elle se manifeste par de larges zones argentées d’où son nom.
Des taches qui seront plus visibles à la conservation, quand la température et l’humidité sont favorables à sa prolifération (20 à 25°).
La gale argentée peut être enrayée par une récolte précoce, de bonnes conditions de stockage et quelques fongicides adaptés (à base de mancozèbes).