La tomate fait partie des légumes fruits les plus cultivés dans les potagers. Plutôt facile à semer et à planter, sa culture s’avère parfois un peu compliquée, car elle est sujette au mildiou (Phytophtora infestans), mais aussi à d’autres maladies et ravageurs qui mettent en péril les récoltes tant espérées.
Quelles sont les principales maladies des tomates, comment les reconnaître ? Comment les éviter et les soigner ? Comment éloigner parasites et ravageurs de la tomate ?
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LE MILDIOU DE LA TOMATE : LA PRINCIPALE MALADIE
Le mildiou est la maladie des tomates la plus fréquente. Elle apparaît principalement lors des étés humides et pluvieux et s’étend rapidement entraînant généralement le pourrissement des fruits déjà formés puis la mort des plants.
Les symptômes
Les prémices de la contamination des pieds de tomate par le mildiou s’observent tout d’abord sur le feuillage : des petites taches brunes, d’aspect un peu huileux, apparaissent. Elles s’agrandissent et virent rapidement au noirâtre. Très vite, ces taches gagnent les tiges des tomates puis les bouquets de fleurs et de fruits qui finissent par pourrir sur le pied. Sans intervention, le plant de tomate meurt rapidement anéantissant tout espoir de récolte.
Les causes
Le mildiou est une maladie cryptogamique, due à un champignon : Phytophthora infestans. C’est un champignon qui se déplace par le vent et qui touche les parties aériennes de la plante. Il sévit particulièrement en période forte humidité (pluie, rosée, mais aussi forte humidité atmosphérique) et quand la température est comprise entre 16 et 22 ° C.
EVITER LE MILDIOU DE LA TOMATE, LIMITER SON EXPANSION
Au potager comme partout, mieux vaut prévenir que guérir ! La mesure de prévention essentielle consiste à créer des conditions défavorables à l’installation de ce champignon sur les plants de tomate. Cela consiste principalement à lutter contre l’humidité.
Pour cela, voici 6 mesures de prévention pour éviter le mildiou :
1) Abritez vos tomates
Dans la mesure du possible, cultivez vos tomates sous abri. Cela peut-être une serre, un tunnel ou une installation temporaire, un peu moins coûteuse comme cet abri à tomate (il offre également l’avantage de pouvoir être déplacé, ce qui est pratique pour une bonne rotation des cultures.)
Les bricoleurs pourront également construire eux-mêmes leur propre abri sachant qu’un simple toit abritant les pieds de tomate suffit souvent à limiter les dégâts.
2) Espacez suffisamment vos plants
Le principal facteur favorisant l’apparition du mildiou étant l’humidité, vos plants de tomates cultivés en plein air doivent pouvoir sécher rapidement. Pour cela, il faut que l’air circule. C’est pourquoi il est recommandé d’observer de bonnes distances entre les plants : 50 à 60 cm au minimum et même plus si vous disposez de plus d’espace au potager.
Notez que le mildiou peut occasionnellement sévir sous abri, en particulier lorsque ceux-ci ne sont pas correctement aérés. Si vous cultivez vos tomates sous serre ou tunnel, ouvrez impérativement les portes et aérations pour créer des courants d’air.
3) Taillez vos tomates… ou pas !
Parmi les raisons qui conduisent à tailler les tomates figure la limitation de la végétation afin de faciliter la circulation de l’air. De la même façon, il est recommandé de supprimer les feuilles situées à la base du pied afin que celles-ci ne soient pas mouillées lors des arrosages.
Néanmoins, lors de la taille des tomates, la suppression des gourmands provoque des plaies qui sont autant de portes ouvertes aux maladies.
C’est pourquoi nous vous recommandons, si vous taillez vos tomates, d’être attentif et d’éliminer les pousses aux aisselles quand elles sont encore petites, afin de limiter l’importance des plaies.
4) Arrosez avec prudence
L’arrosage des tomates ne doit en aucun cas s’effectuer par aspersion. Lors des chaudes journées d’été, il peut être tentant de doucher les plants dans leur intégralité afin de les rafraîchir. C’est une très mauvaise idée. Les tomates doivent toujours être arrosées avec prudence, au goulot et au niveau de leur pied, en veillant bien à ce que les feuilles ne soient pas mouillées.
Pour rendre ces pratiques parfaitement efficaces :
5) Respectez la rotation des cultures
Les spores du mildiou peuvent subsister en terre pendant plusieurs années. Afin de ne pas voir le problème réapparaître systématiquement, ne plantez pas de tomates (ni de pommes de terres, qui appartiennent à la même famille botanique, les solanacées) sur la même parcelle avant 5 ans.
6) Cultivez des variétés de tomate résistantes au mildiou
Peu de variétés, à part la tomate Honey Moon F1, n’est véritablement résistante au mildiou. Néanmoins, certaines affichent une tolérance assez notable pour être signalées. Il s’agit souvent de variétés modernes, hybrides F1 élaborées pour cette qualité, mais aussi des variétés anciennes, réputées pour être plus savoureuses.
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Tomate Fandango F1, très appréciée pour sa résistance à l’éclatement
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LES TRAITEMENTS PRÉVENTIFS DU MILDIOU
LES AUTRES MALADIES
Comme si le mildiou ne suffisait pas, la tomate peut être atteinte d’autres maladies dont les plus fréquentes sont :
L’alternariose ou pourriture noire
- Symptômes et causes :
Des taches noires, circulaires, apparaissent sur le feuillage et grandissent de façon concentrique. Les tiges sont également touchées et portent, elles aussi, des taches grises ou brunes, rondes ou en ellipse. Le plant perd ses feuilles, les pétioles sont progressivement atteints et les fruits commencent, eux aussi, à pourrir.
Le responsable est une fois de plus un champignon : Alternaria tomatophila qui se réfugie en hiver dans le sol, mais aussi sur les graines. Elle sévit lorsque les températures, douces, sont associées à une forte humidité atmosphérique.
- Traitements préventifs et curatifs :
La fusariose
- Symptômes et causes :
La fusariose est une maladie qui atteint les racines des plants de tomate à tous les stades de son développement. Cette maladie se traduit par un dépérissement total du plant. On observe sur le collet des plants, des lésions brun-rouge qui évoluent rapidement en pourriture. Le coupable : Fusarium oxysporum, un champignon qui sévit surtout par temps chaud (aux environs de 28 °) et s’attaque aux vaisseaux conducteurs de la sève.
- Traitements préventifs et curatifs :
La verticilliose
- Symptômes et causes :
Bien que moins grave que la fusariose, la verticilliose est une maladie qui affecte, elle aussi, les plants de tomate dans leur intégralité. Même si les plants ne meurent pas forcément, la production des fruits est fortement ralentie. Ce sont les variétés anciennes qui sont les plus sensibles à cette maladie, de nombreuses variétés modernes y sont résistantes.
Comme toujours, il s’agit d’une maladie cryptogamique ou fongique qui occasionne une obstruction des vaisseaux conducteurs de sève. Elle apparaît plutôt par temps doux, lorsque les températures sont comprises entre 16 et 25 ° C. Le champignon pathogène responsable, Verticilliium dahliae, capable de survivre dans le sol, s’infiltre dans la plante provoquant un flétrissement qui débute par un ramollissement du feuillage. Des taches jaunes puis brunes, en forme de V (comme Verticilliose… presque une signature !) apparaissent puis les feuilles se nécrosent totalement. Parfois, la plante ne semble atteinte que d’un côté. Coupez une tige de façon transversale et observez : la présence de zones brunes au cœur de celle-ci est un signe.
- Traitements préventifs et curatifs :
La verticilliose est une maladie plus répandue dans les sols riches : pour l’éviter, ne fertilisez pas à outrance !
Il n’existe pas de traitement curatif. Les maraîchers dont les cultures sont atteintes sont contraints de désinfecter leur sol. Néanmoins, pour limiter les dégâts, nous vous conseillons d’intervenir dès l’apparition des premiers symptômes, en supprimant les parties atteintes.
Attention, c’est une maladie qui se propage facilement : nettoyez bien vos outils avec de l’alcool entre chaque plant et conservez cette habitude lors des tailles, à l’avenir.
CUL NOIR, FEUILLES ENROULÉES… : DES TROUBLES PHYSIOLOGIQUES
Outre les maladies, il arrive fréquemment que les plants de tomates soient atteints de troubles qui laisseraient penser qu’ils sont malades. Il s’agit en fait de petits désordres sans lien avec une quelconque bactérie ou champignon, mais qui sont plutôt liés aux conditions de culture.
- Le cul noir de la tomate ou nécrose apicale
Le cul noir de la tomate est relativement fréquent, surtout sur les variétés à longs fruits comme l’Andine Cornue. Ce phénomène, appelé nécrose apicale, se traduit par l’apparition d’une large tache brune ou noire à l’extrémité inférieure du fruit.
C’est un trouble symptomatique d’une carence en calcium qui intervient lorsque le sol en manque, mais pas toujours. Le plus souvent, la cause est un arrosage irrégulier (alternance de période sèche puis d’arrosages abondants) qui rend ce calcium non assimilable par la plante.
La solution est dans le problème : arrosez modérément, mais plus fréquemment et paillez le pied de vos tomates pour conserver l’humidité !
En sol naturellement acide, si le problème persiste malgré des arrosages réguliers, pensez, une fois par an, à faire un apport calcique mesuré (le pH d’un sol ne doit jamais être relevé brutalement) sous forme de dolomie, par exemple.
- L’éclatement des fruits
Des tomates, prêtes à être récoltées, et qui éclatent et se fendent, rendant leur conservation, même brève, impossible est un autre grand classique au potager. Ce désordre est, lui aussi, causé par un arrosage irrégulier ou régulier, mais trop important.
Si cela survient en fin de saison, alors que les pluies d’orages sont plus nombreuses et que vos tomates sont cultivées en plein air, il n’y a malheureusement rien à faire si ce n’est que de cueillir les fruits un peu à l’avance pour les laisser mûrir à la maison.
- Les feuilles enroulées
Il arrive que les feuilles de tomates s’enroulent sur elle-même, montrant ainsi leur revers. Relativement fréquent, ce phénomène n’est pas très grave, mais traduit un stress du plant de tomate. Celui-ci peut être provoqué par de nombreux facteurs : un virus souvent sans gravité, des fertilisations azotées trop importantes, de fortes chaleurs (les températures montent vite sous abri), des arrosages trop irréguliers ou un sol trop compact, asphyxiant.
Pour éviter ce phénomène, décompactez bien votre sol avant plantation, n’utilisez le purin d’ortie qu’avec modération, aérez vos abris et arrosez régulièrement, mais avec modération.
LES RAVAGEURS ET PARASITES DES TOMATES
Bonne nouvelle ! Dans les potagers des jardiniers amateurs, les ravageurs de la tomate sont bien moins nombreux que les maladies. Parmi eux, figurent :
- Les nématodes des racines noueuses (Meloidogyne) :
Il s’agit de vers microscopiques qui vivent dans le sol. Ils sévissent sur les racines des plants de tomate sur lesquelles ils forment des galles, ce qui empêche un bon développement des plants. Bien que très redoutés, ces nématodes ne semblent pas si présents dans les jardins de particuliers.
Pour éloigner les nématodes, il est recommandé d’associer la tomate avec des œillets d’Inde (tagètes) , nématicides, mais aussi d’observer une bonne rotation des cultures.
- La noctuelle de la tomate
La noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) est un papillon nocturne. D’origine tropicale, on le rencontre plutôt en climat chaud, comme dans le Sud de la France. Les dégâts sont évidents et sérieux puisque cette chenille, après s’être attaquée aux jeunes feuilles, s’en prend aux fruits qu’elle dévore de l’intérieur.
Traitement :
La première mesure à prendre est de ramasser les chenilles manuellement pour les détruire (l’utilisation d’une pince à cornichon rend l’opération moins difficile chez les phobiques des petites bêtes !). Complétez ce ramassage par une pulvérisation de bacillus thuringiensis (Bt) que vous renouvellerez tous les 10 jours. Notez que ce produit, autorisé en jardin biologique, n’est efficace que lorsque les larves sont très jeunes.
Il n’existe pas de prévention contre ce ravageur si ce n’est que de favoriser la présence de ses prédateurs que sont les chauve-souris et les oiseaux insectivores.
- Les acariens : Tétranyque tisserand et Aculops lycopersici
Le Tétranyque tisserand (Tetranichus orticae), souvent appelé « Araignée rouge » est, en fait, un acarien si petit qu’il ne se remarque que lors d’attaques sévères, lorsque sa présence est massive mais aussi par les toiles qu’il tisse sa toile sur les plantes. De couleur variable (jaune ou rouge), il s’installe sur les feuilles, les tiges dont il suce la sève mais aussi les fruits.
Aculops lycopersici est, lui aussi, un acarien, responsable de l’Acariose bronzée ou « maladie bronzée de la tomate », qui forme, sur les feuilles et les tiges, des plages luisantes, vert bronze. Les fruits sont eux aussi affectés et se craquellent.
Traitement :
Sur les autres plantes, le traitement consiste à asperger le feuillage avec de l’eau ou avec une décoction d’ail, de prêle ou de tanaisie. Ce traitement n’est pas prudent pour les tomates puisqu’il favoriserait l’apparition du mildiou.
LA MEILLEURE DES PRÉVENTIONS : DE BONS PLANTS !
La liste des maladies et ravageurs est longue mais, rassurez-vous, à l’exception du Mildiou, elles ne sont pas si fréquentes et plutôt faciles à éviter en suivant nos conseils, mais aussi en choisissant bien vos plants.
La meilleure façon d’avoir des pieds de tomates en bonne santé, c’est de les cultiver à partir de plants solides. Pour cela, évitez de les acheter lorsqu’ils sont trop grands, parfois étiolés par un long séjour en jardinerie.
Dans la mesure du possible, semez vos graines ou achetez vos plants petits en mini-mottes, et faites-les grandir chez vous, en les sortant régulièrement pour les endurcir.
Enfin, installez-les dans une terre saine, enrichie avec du compost bien décomposé et ne fertilisez pas à outrance, en particulier avec des engrais azotés : un plant qui pousse vite est visuellement satisfaisant mais ses tissus, plus tendres, le rendent aussi plus sensible aux maladies !