Les marchés sont étonnants ! Alors que les Etats-Unis annonçaient hier un recul de 1,4% en rythme annualisé de leur PIB sur la période janvier-mars contre une croissance de 6,9% au quatrième trimestre et +1,1% attendu par le consensus, les marchés financiers ont tout de même terminé en hausse, en Europe comme outre-Atlantique, dynamisés par les bons résultats d’entreprises. D’ailleurs, à Wall Street, l’indice Standard & Poor’s 500 a même enregistré hier sa meilleure performance depuis le 9 mars (+2,48%) et le Nasdaq Composite sa plus forte hausse depuis le 16 mars (+3,06%).
L’euro a terminé hier en baisse à $ 1,05.
Quant au pétrole, les cours ont remonté après des informations du Wall Street Journal selon lesquelles l’Allemagne ne s’oppose plus à un embargo européen sur le pétrole russe. Le Brent a clôturé à $ 106,51 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 103,82.
A noter que nombre de places financières ferment pour les fêtes de l’Aïd en début de semaine prochaine, la bourse malaisienne fermant quant à elle jusqu’au 5 mai.
CACAO CAFE CAOUTCHOUC COTON HUILE DE PALME RIZ SUCRE
Les fèves ont franchi le cap des £ 1 809 la tonne sur l’échéance juillet, clôturant hier soir à Londres à £ 1 809 contre £ 1 788 en fin de semaine dernière. En revanche, le marché à New York se remet difficilement de sa chute mardi à £ 2 478, son plus bas en 8 semaines : hier, l’échéance juillet a terminé à $2 567 contre $2 592 en fin de semaine dernière.
Pour l’instant, les conditions météorologiques sont favorables dans les régions de production en Afrique de l’Ouest mais certains s’inquiètent du temps sec qui pourrait impacter les rendements de la récolte intermédiaire, a indiqué l’analyste Jack Scoville à Reuters. Une inquiétude qui va au-delà car selon les prévisions de Climate24, les pluies au cours des cinq prochains mois seraient inférieures aux moyennes des année précédentes dans les zones cacaoyères africaines. Ce serait notamment le cas dans l’est de la Côte d’Ivoire ainsi qu’au Ghana en juillet août, ainsi que dans l’est du Nigeria et au Cameroun, indique le spécialiste.
Les exportations de fèves de cacao de Côte d‘Ivoire ont chuté de 12,5% du 1er octobre à fin mars, totalisant 970 076 t, selon les statistiques douanières provisoires publiées aujourd’hui. A noter que les statistiques sur le mois de février ont été révisées à la hausse, totalisant 83 662 t contre les 50 244 t avancées précédemment.
Côté demande, avec les publications en fin de semaine dernière des broyages en Amérique du Nord et en Asie (lire nos informations : Les broyages de cacao baissent aux USA et en Asie au 1er trimestre), nous avons maintenant la situation générale dans les principales régions de consommation à travers le monde : sur le premier trimestre, les broyages en Amérique du Nord, Europe et Asie ont augmenté de 1,7% et totalisent 701 505 t. Les broyages en Amérique du Nord (USA, Canada, Mexique) ont baissé de 2,77% au premier trimestre 2022, à 114 694 t, selon la National Confectioners Association (NCA). En Asie, ils ont glissé de 0,25% à 213 313 t, précise la Cocoa Association of Asia. Ceci s’ajoute aux volumes européens et ivoiriens rendus publics la semaine précédente (lire : Nette reprise des broyages de cacao en Europe et en Côte d’Ivoire), à savoir une hausse de 4,4% à 373 498 t en Europe sur ce premier trimestre, avec une pointe de 7,1% en Allemagne qui, à elle seule, a broyé 98 018 t. Sur le seul mois de mars en Côte d’Ivoire, les broyages ont grimpé de 6,1% par rapport à mars 2021, à 52 000 t. Depuis le début de la campagne 2021/22, soit début octobre, ils ont totalisé 315 000 t en progression de 4,3% par rapport à octobre-mars 2020-2021.
Cacao : broyages au premier trimestre 2022 | ||
1er trim 2022 | 1er trim 2021 | |
Europe | 373 498 | 357 815 |
Amérique du Nord | 114 694 | 117 956 |
Asie | 213 313 | 213 858 |
TOTAL | 701 505 | 689 629 |
Source : Commodafrica à partir des données des entités |
Côté industrie, Barry Callebaut a annoncé investir $ 104 millions dans une nouvelle usine de chocolat de spécialité dans l’Ontario au Canada. Quant à Mondelez, son chiffre d’affaires a progressé de 8,6% au premier trimestre avec un revenu net en hausse de 7,3%, une belle performance liée au dynamisme de ses ventes de chocolat et de biscuits. Toutefois, le groupe, comme d’autres, restent prudents quant au reste de l’année (lire nos informations : Malgré +8% de ventes de chocolat au 1er trimestre, Mondelez rattrapé par la conjoncture).
Le café a perdu du tonus cette semaine, l’Arabica ayant glissé 3% de sa valeur sur le marché à New York dès lundi, la situation en Chine, la conjoncture internationale sur la consommation et la croissance pesant sur le moral et les transactions des acteurs.
Finalement, l’Arabica a terminé hier soir à New York à $ 2,176 la livre (lb) sur l’échéance juillet contre $ 2,281 en fin de semaine dernière. Le Robusta à Londres a également perdu, passant de $ 2 114 la tonne vendredi dernier à $ $ 2 089.
Le temps sec au Brésil commence à inquiéter les opérateurs même si cela facilite la récolte en cours ; l’inquiétude porte sur la prochaine floraison et donc la campagne prochaine. Selon le dernier rapport de la Citi, le Brésil produirait 65,5 millions de sacs de 60 kg (Ms) de grains de café en 2022/23. Il s’agit d’une des estimations les plus élevées des spécialistes du café. Par conséquent, la Citi revoit totalement ses prévisions des fondamentaux pour cette campagne 2022/23 qu’elle voit maintenant excédentaire de 3,5 Ms en 2022/23 alors qu’elle l’avait anticipé déficitaire de 7,3 Ms.
Côté Asie, les prix intérieurs ont glissé cette semaine au Vietnam. Les planteurs dans les Central Highlands ont vendu leur kilo de Robusta dans une fourchette allant de 39 000 à 40 000 dongs ($ 1,7 à $ 1,74) contre 40 300 à 41 000 dongs la semaine dernière. « La demande mondiale demeure faible tandis que la fermeté du dollar a incité les producteurs au Brésil de booster leurs ventes », a expliqué à Reuters un trader dans la province de Dak Lak. En outre, précise-t-il, la prévision de Citigroup d’une campagne 2022/23 excédentaire a pesé sur le marché. A l’export, les traders au Vietnam ont proposé le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 200 à $ 220 la tonne sur Londres contre $ 220 il y a une semaine. A noter qu’à ce jour, les producteurs ont vendu environ 85% de leur récolte 2021/22. « Les agriculteurs vont réduire leur utilisation d’engrais et d’arrosage en raison de la hausse du prix du fuel et des engrais », estime un opérateur interrogé par Reuters.
En Indonésie, le Robusta de Sumatra a été proposé cette semaine avec une décote de $ 170 sur l’échéance juin et de $ 220 sur juillet, comme la semaine dernière. « Il y a pas mal de café en raison de la mini récolte en cours et aussi parce que les fermiers veulent vendre vite avant la fête de l’Aïd la semaine prochaine. »
Le marché mondial du caoutchouc naturel est très tendu en ce moment, ayant chuté mercredi à son plus faible niveau de prix depuis cinq semaines et demi. Rappelons que la semaine dernière, il avait affiché sa première baisse en six semaines. Hier, il s’est quelque peu ressaisi après que la Banque du Japon ait réaffirmé sa volonté de poursuivre sa politique de taux très faibles, tandis que les entreprises japonaises annonçaient de bons résultats sur mars, soit le deuxième mois consécutif de hausses de leur production. Par exemple, Toyota a annoncé mercredi une production record en mars en hausse de 2,8% à 866 775 véhicules, le dynamisme de son activité à l’étranger compensant la chute de 16% de sa production nationale.
Mais les mesures ultra strictes de confinement dans les villes impactées par la Covid en Chine depuis fin mars continuent de jeter un froid sur les marchés, les investisseurs étant peu enclins à prendre des risques.
Ainsi, le kilo de caoutchouc naturel a clôturé hier sur l’Osaka Exchange à 249,6 yens ($ 1,9) contre 255 yens vendredi dernier sur l’échéance octobre. Sur le marché de Shanghai, les cours sont passés de 13 015 yuans ($ 2 011,22) la tonne à 12 610 yuans ($ 1 908) hier la tonne sur septembre.
Les exportations de caoutchouc naturel de Côte d‘Ivoire ont augmenté de 2% au premier trimestre 2022, à 295 577 t, selon les statistiques portuaires provisoires. A noter que les statistiques sur le seul mois de février ont été révisées : elles s’établissent à 80 325 t contre les 44 103 t énoncées précédemment.
C’est une nouvelle envolée ! Les cours du coton sur l’ICE à New York sont passés de 135,92 cents la livre (lb) sur juillet vendredi dernier à 147,68 cents hier soir. Ils ont gagné plus de 5% sur la seule séance d’hier, touchant un plus haut en 11 ans, depuis juin 2011, et se heurtant à sa limite de trading journalier. Cerise sur le gâteau, le coton s’est envolé à New York alors que le billet vert gagnait en valeur ce qui, habituellement, pèse sur les transactions en dollars de matières premières.
Que se passe-t-il ? Côté Etats-Unis, la sécheresse dans l’ouest du Texas, un approvisionnement des filatures plutôt faible alors que les ventes à l’export sont robustes font flamber la fibre blanche : avec 121 100 balles expédiées cette semaine, c’est 19% de plus que la moyenne des quatre dernières semaines.
Mais l’étincelle cette semaine a plutôt été l’Inde qui pourrait temporairement suspendre ses exportations de fibre. En effet, pour calmer la flambée des prix du coton local suite à sa baisse de production, le gouvernement indien avait annoncé début avril réduire à zéro les droits d’importation. Or, visiblement, la mesure n’a pas eu l’impact souhaité et les filatures n’ont toujours pas assez de matières premières. D’où l’éventualité de cesser les exportations pour assurer l’industrie d’un bon approvisionnement.
A tout ceci se greffe l’impact « naturel » de l’inflation. A noter que le marché semble faire peu de cas d’une baisse éventuelle de la demande chinoise en coton suite aux mesures de confinement très strictes à Shanghai et Pékin.
Il faut remonter 13 ans en arrière, en avril 2009, pour retrouver une telle hausse mensuelle des cours de l’huile de palme ! Elle a grimpé de 24,5% en avril sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange avec une envolée de 11,5% sur la semaine qui s’achève, prenant encore 2,76% hier pour clôturer à 7 105 ringgit ($ 1 632,58) la tonne contre 6 307 ringgits ($1470,51) en fin de semaine dernière.
Et pour cause ! A compter d’hier, les exportations d’huile de palme d’Indonésie, premier producteur mondial, sont interdites. Cette décision met … de l’huile sur le feu à un marché déjà très malmené par la guerre en Ukraine qui impacte très lourdement le marché mondial de l’huile de tournesol, reportant nombre de pays importateurs -dont le géant indien- sur le marché de l’huile de palme.
L’Indonésie a pris cette décision mercredi suite à la flambée sur son propre marché nationale du prix de l’huile de cuisson à base d’huile de palme, les producteurs préférant vendre à l’international où les cours mondiaux ont explosé ces derniers mois. Rappelons que l’huile de palme représente environ 60% du marché mondial des huiles végétales, l’Indonésie produisant les deux-tiers de l’offre mondiale.
La décision d’interdire les exportations prises mercredi précise que la situation sera réévaluée tous les mois ou aussi souvent que nécessaire. Ce qui fait dire au Palm Oil Board qu’il y a de fortes chances que la situation sur le marché national s’apaise après les fêtes de l’Aïd, à la fin de la semaine prochaine. En mai au plus tard, les exportations pourraient reprendre.
Selon quatre industriels interrogés par Reuters, cette interdiction impacterait au moins 290 000 t.
Côtés entreprises, le géant malaisien Sime Darby Plantation est prudemment optimiste quant aux performances cette année du groupe, estimant que les cours de l’huile de palme demeureront élevés cette année mais volatils.
Une bonne demande des pays du Proche Orient a fait grimper le prix du riz cette semaine.
Ainsi, le Thaï % brisures est passée de $ 410-414 la semaine dernière à $ 432-435 la tonne cette semaine, sur une bonne demande de l’Irak et de l’Iran ainsi que face à l’amélioration des relations entre la Thaïlande et l’Arabie saoudite. En outre, l’impact du coût du fret a moins joué car ces pays du Proche-Orient ont expédié leur propre flotte pour aller chercher le riz. A ceci s’est ajouté un affaiblissement de la valeur du baht face au dollar ce qui rend plus compétitif le riz thaïlandais.
En revanche, le prix du riz indien n’a pas bougé depuis la semaine dernière, à $ 361-365 la tonne des 5% brisures parboiled. Le marché indien est calme car le gouvernement distribue beaucoup de riz aux plus pauvres, soit gratuitement, soit à prix coutant.
Le 5% brisures du Vietnam s’est venu à 415 la tonne, inchangé lui aussi par rapport à la semaine dernière. Cependant, les prix pourraient augmenter ces prochaines semaines car l’offre devient étroite. Les traders sont actuellement hésitants à signer de nouveaux contrats car ils attendent que les prix remontent.
Les exportations de riz du Vietnam sur les quatre premiers mois de l’année ont augmenté de 4,4% à 2,05 Mt, de sources gouvernementales. En revanche, les recettes devraient baisser de 6% par rapport à la même période il y a un an, à $ 1,04 milliard. Les exportations de riz du Vietnam devraient totaliser 550 000 t en avril pour une valeur de $ 273 millions.
Quant au Bangladesh, le gouvernement a relevé les prix payés aux producteurs pour la campagne en cours, à 40 taka ($ 0,48) le kilo contre 36 taka la dernière.
Le sucre fond… Le roux a touché son plus faible niveau de prix mercredi, tombant à 18,80 cents la livre (lb), son plus bas niveau depuis le 18 mars. Partie de 19,87 cents à la clôture vendredi dernier, l’échéance mai à New York a terminé hier soir à 19,42 cents. Le sucre blanc, côté à Londres, est, quant à lui passé de $ 541,10 la tonne sur l’échéance août à $ 527,50 hier soir.
Selon Rabobank, la moyenne des cours du sucre roux sur le troisième trimestre serait de 19,60 cents, en hausse par rapport aux 19,30 cents attendus sur le deuxième trimestre. Une hausse qui s’expliquerait par la crainte d’une rupture de l’approvisionnement de gaz de Russie, la pénurie mondiale d’engrais et les tensions au Brésil à l’approche de la période électorale.
Au Brésil, les broyages de canne à sucre sur la première quinzaine d’avril ont chuté de 66,9%, selon le groupe industriel Unica. Ainsi, les broyages ont totalisé 5,19 Mt contre 15,67 Mt début avril 2021. En conséquence, la production chuterait de 80% en ce début avril, à 126 630 t.
Côté entreprises, les excellents résultats de Coca-Cola, gros consommateur de sucre, a donné du baume au cœur du marché de l’édulcorant (lire : Coca-Cola remodèle sa stratégie en Afrique notamment envers les embouteilleurs en Afrique de l’Ouest). Mais le géant des soft drinks demeurent prudent sur le reste de l’année, s’interrogeant notamment sur l’impact de l’inflation sur la consommation.